Le théoricien de la démocratie, celui qui a posé le principe de la séparation des trois principaux pouvoirs (exécutif, parlementaire et judiciaire) disait : « Du jour où nous ne percevons plus dans l’État le bruit d’aucun conflit, nous sommes sûrs que la liberté n’y est plus » (Montesquieu).
Azali a soumis tous les pouvoirs, y compris celui de la presse. Il n’y a plus de conflit à l’Assemblée, ni au Palais de Justice, même pas dans les sombres prisons dans lesquelles ses opposants subissent la torture. Il n’y a aucun manifestant dans les rues et même dans les propriétés privées, à part celles des partisans.
Mais, quand on arrive à une telle situation, une situation dans laquelle on ne laisse aucune possibilité de sortie de crise, lorsqu’on ne laisse aucune perspective à l’opposition, on peut être persuadé que de deux choses l’une est inéluctable : soit l’opposition arrivera de l’intérieur même du pouvoir, y compris des plus fidèles, soit le régime se termine par une violence inattendue.
Dans un passé récent, la dictature d’Ahmed Abdallah a connu les deux phénomènes. Quand le premier n’a pas suffit pour prévenir celui qui se délectait du pouvoir, le second a mis fin à son régime et il a payé de son sang la violence subie pendant des années par les opposants, quasiment dans l’indifférence.
Mib Ibrahim
